Le daïquiri est un cocktail de la famille des »sour », son goût tend vers l’acide. C’est une boisson de la catégorie des short-drinks (de taille moyenne) qui se consomme dans un verre à pied de type verre à Martini.
Il a pour base 3 ingrédients incontournables : le rhum, le sucre, et le citron vert. Il est né à Cuba au 18e siècle et a été popularisé par Hemingway qui l’a mentionné dans plusieurs de ses romans. De sa recette originale à ses variantes de recettes plus fruitées, nous allons faire un saut à travers l’histoire du daïquiri.
Quelle est l’origine du cocktail daïquiri ?
Une recette rhum citron pour remplacer la bière
Cuba a longtemps été sous domination étrangère. Son territoire a d’abord été occupé par les colons espagnols qui y ont implanté le tabac et la canne à sucre. C’est la transformation de la canne à sucre qui donnera naissance au rhum. La Havane, Santiago de Cuba, Bocoy, ces villes deviendront mondialement connues pour abriter des distilleries de légende. La naissance du daïquiri s’est faite dans un contexte colonial et il est difficile de savoir précisément quelle histoire rapportée est la plus vraisemblable. La mer des Caraïbes a longtemps été le terrain d’affrontement des puissances coloniales d’Europe du 17e siècle.
Cuba, à cause de son emplacement stratégique et de la richesse de son sol, a été dans la ligne de mire des grandes puissances comme l’Angleterre, l’Espagne et la France. Les Anglais, qui consommaient des quantités astronomiques de bière pendant les traversées, durent se résoudre à diminuer leur consommation. Le rhum fut considéré comme l’alternative idéale, car plus facile à obtenir. C’est à ce moment-là, vers la fin du 18e siècle, que la première version du daïquiri fit son apparition. L’amiral Edward Vernon ordonna que la ration de rhum blanc soit mélangée avec de l’eau et du jus de citron vert pour en limiter ses effets. La base de ce qui deviendra bientôt le daïquiri était née.
D’origine cubaine mais marqué par l’Amérique
Le cocktail daïquiri tire son nom d’une plage de Santiago de Cuba. Situé au sud du pays, à 11 h de route de la Havane, Santiago de Cuba est connue pour avoir été le terrain du débarquement des troupes américaines pendant la guerre hispano-américaine de 1898 et pour abriter des mines de cuivre et de fer. Un ingénieur des mines du nom de Jennings Cox présent sur l’île, serait à l’origine de la recette du daïquiri. La légende veut qu’un soir où il recevait des invités, il fut à court de Gin et s’en alla acheter l’alcool local, le rhum. Il y ajouta de l’eau plate, du citron du sucre et des glaçons. Le résultat fut un punch que ses invités adorèrent. Il fallut lui trouver un nom. Il nomma sa préparation »daïquiri » en l’honneur de la page la plus proche.
Il existe plusieurs versions différentes de cette histoire, certaines attribuant la paternité du cocktail à un autre ingénieur nommé Pagliuchi. Pour autant, on retrouvait déjà cette recette au sein des clubs cubains sous la forme d’une petite chanson que les barmans se répétaient : « 1 acide, 2 sucré, 3 fort, 4 faible ».
L’arrivée du daïquiri aux États-Unis
Le cocktail cubain fait son entrée aux États-Unis grâce à l’amiral Lucius w. Johnson selon les uns ou grâce à William a. Chanler selon d’autres sources. L’amiral Johnson, officier de la marine Américaine l’aurait introduit dans les bars que fréquentaient les marins et l’armée Américaine à Washington.
Quant à William a. Chanler, un membre du congrès, propriétaire d’une mine à Santiago de Cuba, il aurait introduit le cocktail dans les clubs new-yorkais en 1902. La recette originale était plus proche d’un punch que d’un cocktail et sa diffusion aux États-Unis l’a fait évoluer. On le préparait dans un tumbler rempli de glace. On y ajoutait une cuillère à dessert de sucre, le jus d’un citron vert qu’on pressait par-dessus et 3 ou 4 cl de rhum. Le tout était mélangé à l’aide d’une longue cuillère à cocktail. La version américaine introduit l’utilisation du shaker et remplace l’eau minérale par de la glace pillée.
Quelle est la véritable recette du daïquiri ?
Un cocktail aux nombreuses variantes
Un cocktail réussi parvient à équilibrer les saveurs. Dans le daïquiri original et classique, on sent d’abord la note du rhum puis celle du citron vert avec assez de sucre pour équilibrer les deux et obtenir une note acidulée. Le rhum classique est le rhum cubain blanc. Mais on peut utiliser du rhum ambré pour une note plus ronde. Il existe de nombreuses variantes de recettes parmi les recettes du cocktail, la recette officielle prévoit du sirop de sucre à la place du sucre en poudre.
La recette qui suit est celle que prépare Eduardo Corona de Santiago dans son bar El traguito qui met à l’honneur le daïquiri classique.
Ingrédients
- 2 cuillères à café de sucre de canne
- 1 ½ cuillère à café de citron vert frais
- 4.4 cl de rhum blanc cubain ou de rhum léger (3 ans d’âge)
- 5 gouttes de liqueur de marasquin (en option)
- Une lamelle de citron pour décorer
- Des glaçons
Préparation
Ajoutez une poignée de glaçons dans un shaker, verser le sucre, le citron vert, le rhum et le marasquin (optionnel). Mélanger vigoureusement pendant 30 secondes. Verser dans un verre à Martini que vous avez mis au frais au préalable pour qu’il soit glacé. Ajoutez d’une tranche de citron.
La recette du daïquiri framboise
Une idée saint-valentin
Cette variante plus fruitée du daïquiri peut-être réalisée avec du lait de noix de coco, des fraises ou de l’ananas. Ces parfums sont devenus populaires dans les années 40 alors que la guerre sévit en Europe et que les États-Unis rationnent les alcools forts. Pour compenser, ils importent massivement du rhum. Le daïquiri framboise, parfaite idée saint-valentin, révèle une touche très féminine et acidulée.
Ingrédients
- 4 cl de rhum
- 1 c. à soupe de Framboises
- 2 cl de sirop de canne
- ½ cl de marasquin
- 1 cl de jus de citron
- 1 poignée de glaçon
- 1 quartier de citron vert
Préparation
Dans un shaker, verser le rhum, le marasquin, le sirop de sucre, le jus de citron et les framboises écrasées, ajouter les glaçons et remuer énergiquement.
Filtrer à l’aide d’un strainer et verser dans un verre à Martini agrémenté d’un quartier de citron vert pressé.
La recette originale du frozen daïquiri
Mis à l’honneur par les plus grands romanciers, les années 30 marquent l’arrivée du réfrigérateur et du mixeur, mais aussi l’entrée du daïquiri dans la littérature. Le premier à mentionner le cocktail dans ses romans est l’écrivain Scott fitzgerald, mais la popularité du frozen daïquiri doit beaucoup à Ernest Hemingway. La légende veut que lors de son passage à la Havane, il s’arrêta dans un bar, le El Floridita, pour aller aux toilettes. En sortant, il vit le barman préparer un frozen daïquiri et demanda à y goûter. Après quelques gorgées, il déclara : « C’est bon mais je préfère sans sucre avec double-dose de rhum ».
Ingrédients
- 5 cl de rhum blanc léger
- ½ citron vert
- 2 cl de sirop de canne
- 1 poignée de glaçons
Préparation
Dans un mixeur, ajouter le rhum, le jus de citron, le sirop de canne et les glaçons. Mixer le tout jusqu’à obtenir un mélange compact. Verser dans un verre à cocktail.
La recette de l’Hemingway daïquiri
Le Papa Doble
Ernest Hemingway vécut à Paris pendant 6 ans avant de faire son premier voyage à Cuba en 1928. Il passera 22 ans de sa vie sur cette île et contribuera à la rendre célèbre. Il aura même un cocktail à son effigie, l’Hemingway daïquiri ou « Papa Doble ». En effet, Hemingway était diabétique et le sucre lui était interdit. Son bar préféré de la Havane, le El Floridita, lui créa un daïquiri sur-mesure à base de jus de pamplemousse et de liqueur de marasquin. Et comme Hemingway aimait le rhum, une double-dose de rhum. Il écrivit sur l’un des murs de la Bodeguita del medio : « Mon Mojito a la Bodeguita, mon Daïquri à El Floridita. »
Ingrédients
- 6 cl de rhum blanc
- 2 cl citron vert
- 2 cl de jus de pamplemousse
- 0.5 cl de marasquin
- 1 poignée de glaçons
Préparation
Réserver au frais son verre à cocktail. Dans un shaker, verser tous les ingrédients et remuer.
Filtrer à l’aide d’un strainer et servir.
Dans l’histoire des cocktails, le daïquiri fait partie de l’élite. C’est une boisson emblématique, un classique des années 30 et sa notoriété est fortement liée à sa place particulière dans l’histoire cubaine et américaine. Dans l’histoire moderne, il est devenu le cocktail de plage par excellence au même titre que la Pina colada, le Mojito ou le Bloody mary. Son effet rafraîchissant, son goût fruité et ses nombreuses déclinaisons, en font une boisson d’été idéale.